Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/75

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tous deux saisissant les nuances les plus délicates des idées et des pensées, et répondant, sur le champ, à toutes les questions, avec une grande justesse ou une piquante originalité.

Messieurs, c’est le caractère d’une grande âme de sentir vivement l’aiguillon de la gloire : animé de ce feu sacré, il n’est rien de si difficile que l’on ne puisse entreprendre. Mais quel nom donnerons-nous à cet homme généreux qui, sans dédaigner, mais aussi sans rechercher la gloire, qui est le motif ordinaire des actions éclatantes, comme elle en est la récompense, renonce volontairement aux jouissances d’une vie paisible, et se consacre, uniquement pour le bien de l’humanité, à un travail obscur et pénible, de tous les jours et de tous les instans, et d’un succès incertain ? Un si beau dévoûment serait, sans doute, au-dessus de l’homme, s’il n’y avait, dans la bienfaisance, des attraits qui suffisent au mortel capable d’en sentir les charmes. Les promesses de la gloire sont quelquefois éloignées, et bien souvent trompeuses ; mais l’homme bienfaisant trouve toujours dans son cœur sa plus douce récompense. De quels sublimes efforts ne sera-t-il donc pas capable, lorsqu’à cet attrait déjà si puissant vient se joindre la voix plus puissante encore de la religion ? Comme toutes les