Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sance envers mes deux maîtres, je ne fais point de difficulté de croire que M. Amman ait inventé cet art en Hollande, M. Bonnet en Espagne, M. Wallis en Angleterre, et d’autres savans dans d’autres pays, sans avoir vu les ouvrages les uns des autres ; j’ajoute même qu’il n’est aucun habile anatomiste qui, en réfléchissant, pendant quelques jours, sur les mouvemens qui se passent en lui dans l’organe de la voix, et les parties qui l’environnent, à mesure qu’il prononce fortement et séparément chacune de nos lettres, et se regardant avec attention dans un miroir, ne puisse devenir, à son tour, inventeur de cet art, sans avoir lu précédemment aucun ouvrage sur cette matière. Je donnerais volontiers cet exemple pour la justification de ces deux auteurs.

J’ai voulu quelquefois parier avec des savans que, dans l’espace d’une demi-heure, je les mettrais au fait de ma méthode, tant elle est simple. Après en avoir fait l’épreuve, quelques-uns d’entr’eux sont convenus qu’ils auraient perdu la gageure s’ils l’eussent acceptée. Pourquoi ne se trouvera-t-il pas quelqu’un en France ou ailleurs, qui, sans avoir lu mon ouvrage, prendra la même route, dans laquelle il ne s’agit que de suivre la nature pas à pas ?