Page:L'Épée-Bébian.- Art d'enseigner aux sourds-muets, 1820.djvu/99

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Après les lettres dont nous venons de parler, la lettre qui se prononce plus aisément est la lettre f.

J’écris fa, fé, fi, fo, fu, et je prononce fortement fa. Je fais observer au sourd-muet que je pose mon ratelier supérieur sur ma lèvre inférieure, et je lui fais sentir sur le dos de sa main le souffle que je fais en prononçant cette syllabe[1]. Aussitôt il la prononce lui-même, pour peu qu’il ait d’intelligence.

Va, vé, vi, vo, vu, n’en est que l’adoucissement, qui souffre quelquefois un peu de difficulté ; mais avec de la patience on en vient aisément à bout.

Tout ce que nous venons de dire n’est en quelque sorte qu’un jeu ; et pour peu que les sourds-muets aient d’attention et de capacité, il ne leur faut pas une heure entière pour l’apprendre et l’exécuter assez clairement. Cependant ils savent déjà treize lettres (en comptant l’h et l’y), qui sont plus de la moitié de notre alphabet. Ce qui suit devient plus difficile, et demande plus d’attention de la part des élèves, aussi le succès n’en est-il pas également prompt.

  1. Les lèvres s’ouvrent avec vivacité, et le souffle en sort avec assez de violence.