Page:L'âme russe, contes choisis, trad Golschmann et Jaubert, 1896.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– S’il a disparu, c’est l’affaire d’un médecin. On dit qu’il y a des gens qui peuvent vous remettre tel nez qu’on voudra. Je m’aperçois, du reste, que vous devez être un homme d’humeur assez gaie et que vous aimez à plaisanter en société.

– Mais, je vous jure, par ma foi !… Soit, puisqu’il en est ainsi, je vais vous montrer…

– À quoi bon vous déranger ? continua le fonctionnaire, en prenant une prise… Du reste, si cela ne vous gêne pas trop, ajouta-t-il avec un mouvement de curiosité, il me serait agréable de jeter un coup d’œil.

L’assesseur de collège enleva le mouchoir de sa figure.

– En effet, c’est très bizarre, fit le fonctionnaire : c’est tout à fait plat, comme une crêpe fraîchement cuite. Oui, c’est uni à n’y pas croire.

– Eh bien, allez-vous discuter encore maintenant ? Vous voyez bien qu’il est impossible de ne pas faire publier cela. Je vous en serai particulièrement reconnaissant, et je suis très heureux que cet incident m’ait procuré le plaisir de faire votre connaissance.

Le major, comme on le voit, n’avait même pas reculé devant une légère humiliation.

– L’insérer n’est certes pas chose difficile, fit le fonctionnaire ; seulement je n’y vois aucune utilité pour vous. Toutefois, si vous y tenez absolument, adressez-vous plutôt à quelqu’un qui possède une plume habile, afin qu’il le décrive comme un phénomène de la nature et publie cet article dans l’Abeille du Nord (à ces mots le fonctionnaire prit une autre prise) pour le plus grand profit de la jeunesse (il s’essuya le