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pas de comptes des dépenses qu’il fait au nom du gouvernement.

Rapprochez cela des cris qu’il jette, parce qu’on n’a pas fourni à une livre près la quantité de peinture mélangée pour la maison de M. Lanctôt.

Quelle paille au lieu de cette poutre.

Mais, allons plus loin et examinons encore l’outrecuidance de M. Bourassa :

N’oublions pas qu’il s’agit de $2,200.

Écoutez encore M. Bourassa :

Dans le courant de l’hiver dernier, j’ai rencontré l’auditeur-général, M. McDougall, qui m’a demandé si je pouvais lui donner des détails. Je lui répondis dans la négative, ayant toujours été sous l’impression que la commission règlerait ces affaires elle-même, et que je serais placé sur le même pied que les autres secrétaires. Cependant, j’ai envoyé à l’auditeur général un état certifié de l’argent que j’avais dépensé, ainsi qu’une balance de $1.10 restant sur les montants que j’avais reçus. (Débats 4343.)

Ainsi, M. Bourassa reçoit $2,200 ;

On lui demande des comptes en détail ;

Il refuse, il n’a pas de compte à rendre ;

Mais, il envoie un compte en bloc et il restitue ($1.10), une piastre dix.

Quant au reste, il est trop gros personnage pour s’astreindre aux mêmes obligations que tout le monde.

IL NE REND PAS DE COMPTES.

Comme on peut le penser, la Chambre ne se contenta pas des grands airs de CE REPUS ET DE CE SALARIÉ.

Elle l’appela devant le comité des Comptes Publics, en sommant M. Bourassa d’apporter SES COMPTES ET SES PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Après des péripéties et des échappatoires sans nombre, après des tentatives audacieuses de M. Bourassa POUR ESQUIVER L’ENQUÊTE, il fut obligé de comparaître et les débats de cette émouvante comparution devant le comité des comptes publics, ont été publiés comme document sessionnel. (Annexe No 2a — 63 Vict. A. 1900).

Il y a des choses ineffables, que nous reproduisons textuellement :

M. Bourassa est interrogé, ( page 2) :

Il se livre à une insolence préliminaire pour expliquer ses tergiversations et ses échappatoires :

De fait, je ne reconnais pas au comité le droit de me questionner, mais, d’autre part, comme je n’ai rien à cacher, s’il y a quelque renseignement que je puisse donner, j’y suis disposé.

Voyez-vous les cris que pousserait aujourd’hui M. Bourassa, si MM. Lanctôt ou Oliver avaient pris cette attitude devant leurs comités !

Et c’est l’homme qui clame à la souveraineté du peuple, des représentants du peuple.

On voit la mesure dans laquelle il s’en inquiète quand sa sécurité est en jeu.

Examinez maintenant comment M. Bourassa établissait la comptabilité de ses dépenses.

M. Clancey, ancien député d’Elgin, maintenant disparu, l’interroge :

Q. Deviez-vous rendre compte ? — R. Oui, je comprenais que la commission devait rendre compte et nous demander un certificat du montant des dépenses. LES COMMISSAIRES N’ÉTANT PAS DES HOMMES MESQUINS, il était à supposer qu’ils nous demanderaient un certificat de la somme dépensée pour les fins de la commission, ce que j’étais prêt à fournir. Je savais très bien ce que je dépensais pour les fins de la commission, et chaque fois que je dépensais quelque chose pour mon compte personnel, je le marquais à part.

Q. Alors, comment pouviez-vous faire la distinction pour être à même de rendre compte exact de vos dépenses ? — R. Non. Je ne tenais pas de comptes en détail je marquais seulement chaque semaine la somme de mes dépenses durant cette semaine-là.

Q. Comment faisiez-vous votre calcul ? — R. Je calculais la chose en bloc. Je ne marquais pas les détails. Je me servais tout simplement d’un carnet, et, à tous les dix ou quinze jours, j’inscrivais mes dépenses. Lorsque la commission a interrompu son travail, j’ai fait l’addition de mes dépenses. Elles s’élevaient à $2, 198.90.

Q. Et dans ce carnet que vous mentionnez, entriez-vous chaque item de dépense ? — R. Oh ! non ; tout simplement, à tous les dix ou quinze jours, j’inscrivais ce que j’avais dépensé dans l’intervalle.

Q. Vous vous fiiez à votre mémoire ? — R. Non. Mais la chose était des plus simples. Comme je vous l’ai déjà dit, chaque fois que je dépensais quelque chose pour mes fins personnelles, je l’inscrivais à part ; quant aux dépenses diverses pour voitures, ou pension, ou papeterie, ou quoi que ce soit en rapport avec la commission, je laissais courir la dépense et en inscrivais le total tous les dix ou quinze jours.

Se figure-t-on un commissaire du gouvernement tenant des comptes de ce genre.

Quels cris dans le « Devoir » !

Q. Vous n’avez jamais tenu compte des détails ? — R. Non.

Q. Et n’avez-vous pas gardé de pièces justificatives ? — R. Comme je vous l’ai dit, c’était inscrit dans mon petit carnet.

Q. Alors, comment pouviez-vous faire la distinction entre les dépenses personnelles et celles de la commission ? — R. Parce que, ainsi que je vous l’ai déjà dit deux fois, chaque fois que je dépensais quelque chose pour moi-même, j’en faisais une entrée spéciale, et je déduisais mes dépenses personnelles du total de mes dépenses.

Q. À combien se sont élevées vos dépenses personnelles ? — R. JE NE SAIS.

Q. Vous n’avez jamais pensé qu’il fût nécessaire de tenir un compte ? — R. Non.

Q. Comptiez-vous avoir à rendre compte en détail à qui que ce soit, ou simplement à dire, à la personne à qui vous auriez à rendre compte, que vous aviez dépensé une telle somme ? — R. Précisément, je ne me suis jamais attendu à ce que l’on me demandât des détails.

Q. Pourquoi en êtes-vous venu à cette conclusion ? — R. Parce qu’il m’a semblé que mes collègues en agissaient de même. Nous n’avons jamais pensé que l’on nous demanderait de combien de papier nous nous sommes servis, ou combien de jours nous avons passé à notre hôtel.

Toujours grand seigneur, avec l’argent des autres.