Page:L'œil ouvert ! - Bourassa et l'Anti-Laurierisme, 1911.djvu/36

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Songez qu’il avait reçu $2,000.

Nous avons toujours compris que la commission dans ses relations avec nous partirait de ce point de départ qu’elle savait avoir affaire à trois personnes honnêtes, des hommes d’honneur qui ne prendraient pas l’argent public.

Voici maintenant l’aristocrate.

Q. La nature de vos fonctions ne vous donnait pas le droit de prendre une position de ce genre ? — R. Oui. Je pense que l’on ne doit pas s’attendre à ce que le secrétaire diplomatique d’un corps de cette nature, fournisse les mêmes détails qu’un employé au gouvernement, comme, par exemple, les autres personnes dont on a mentionné les noms, car elles avaient été appelées par leur gouvernement et non par la commission.

Q. Mais comment le saviez-vous ? — R. Je le croyais, parce que c’est de sens commun.

(Page 8).

Q. De quelle nature étaient vos dépenses ? — R. Les dépenses ordinaires d’un homme qui voyage et qui occupe la position que j’occupais.

Q. Je n’ai pas bien saisi votre réponse ? — R. Je dis toutes les dépenses que doit nécessairement faire en voyageant, une personne occupant la position que j’occupais alors.

Q. Étes-vous certain d’avoir dépensé $2, 200 ? — R. Je suis certain d’avoir dépensé $2, 198.90.

Q. Comment avez-vous fait le calcul de votre part de ces dépenses ? — R. Tout simplement en additionnant la somme que j’ai reçue et la somme que j’ai dépensée, et en soustrayant le montant que j’ai dépensé pour mon propre compte, et le découvert constituait cе que j’ai dépensé pour le compte de la commission ; c’était bien clair.

Comptabilité facile, n’est-ce pas ?

Q. Vous en teniez le compte ? — R. Oui.

Q. Voulez-vous nous produire ce compte ? — R. Quel compte ?

Q. Vous nous avez dit que vous teniez un compte de vos dépenses personnelles ? — R. COMME JE VOUS L’AI DÉJÀ DIT, JE TENAIS UN COMPTE, MAIS JE NE L’AI PAS ICI. Cependant, je puis déclarer positivement que j’ai inscrit le montant d’argent que j’avais lors de mon départ de Québec, et le montant de mes dépenses personnelles, et j’ai chargé à la commission les sommes que j’ai dépensées pour elle et j’ai remboursé $1.10.

(Page 9).

C’est encore bien honnête de sa part.

Q. AVEZ-VOUS CES NOTES DANS LE MOMENT ? — R. Non.

Q. Existent-elle ? — R. ELLES DOIVENT SE TROUVER DANS CE CARNET, SI JE PEUX LE TROUVER.

Q. Pourriez-vous le produire devant le comité ? — R. Je suppose que oui, mais je ne suis pas obligé de le faire ; il contient tout cе qui se rapporte à mes affaires personnelles, et je ne le produirai pas.

(Page 10).

Pas de compte à rendre.

Il rend $1.10 et c’est tout.

Sir Chs. Hibbert Tupper insiste, et voici les réponses qu’il reçoit :

(Par sir Charles Hibbert Tupper) :

Q. Lors de votre séjour à Québec, avez-vous fait vous-mêmes vos arrangements avee le Château Frontenac quant à vos frais d’hôtel ? — R. Oh ! oui. J’ai tout réglé moi-même.

Q. Vous avez soldé votre compte à même les $2, 200 ? — R. Oui.

Q. Avez-vous reçu des pièces justificatives ? — R. Je le crois ; mais je ne garde jamais les reçus des hôtels où je loge quand je voyage.

Q. Vous ne vous rappelez pas si vous avez eu les pièces justificatives ou non ? — R. Oui.

Q. Vous le rappelez-vous ? — R. Oui, je pense que oui.

Q. Quand les avez-vous détruites ? — R. Immédiatement. J’en agis toujours ainsi.

Q. La même chose a eu lieu à Washington ? — R. Oui.

Q. Et à même les $2, 200 vous avez soldé votre compte d’hôtel ? — R. Oh ! oui ; tout.

Q. Et vous avez eu un reçu ? — R. Oui

Q. Et l’avez déchiré ? — R. Oui.

Q. Et vous avez eu un reçu ? — R. Oui.

Q. Et vous l’avez déchiré, et avez payé vos propres frais de voyage ? — R. Oh ! oui ; les chars et tout. C’est de la même source que j’ai pris ce qu’il fallait pour la série entière des dépenses.

(Page 13).

Jolie façon de tenir ses livres.

Heureusement que vers la fin, M. Bourassa a consenti à produire deux petits comptes du Frontenac ; nous les produisons comme type :


« Pièce No 1 »
Québec, 10 septembre 1898.

M. Henri Bourassa,Chambres A et B.


CHÂTEAU FRONTENAC. Dt.
Pension, 18 août au 2 sept. 1898, 16 jours à $10 par jour 
$160 00
Vin 
28 85
Buanderie 
3 90
Messagerie 
0 25
Télégrammes 
0 50

$192 50
Acquitté, 10 septembre 1898.


« Pièce No 2 »
Québec, 12 octobre 1898.

M. Henri Bourassa,Chambres A et B.


CHÂTEAU FRONTENAC. Dt.
Pension, 4 septembre au 12 octobre 1898 
$370 00
Vin 
38 25
Repas extr 
3 00
Repas servis dans les chambres — Extras 
2 85
Buanderie 
2 30
Messagerie 
0 55
Télégrammes 
1 35

$418 30
Acquitté, 12 octobre 1898.

Nous ne voulons pas faire de démagogie.

Mais relisez-en le « Devoir » et figurez-vous ses exclamations s’il s’agissait d’un député libéral actuel.

$38.25 de vin. $27.85 de vin en plus d’une pension somptueuse.

Tout cela avec une pension à $10 par jour.

En voilà un repus !

AVEC $38.25 UN HABITANT ACHÈTE DU WHISKEY POUR TOUT SON HIVER.

Les membres du comité ont voulut avoir quelques détails sur ce que M. Bourassa considérait des dépenses de la commission et des dépenses personnelles.