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nes, orgueil fait de force suffisante solitaire, s’enroule au cartésien anneau de son intelligence. Deux sphères fermées incompréhensibles l’une à l’autre quant aux langues adéquates à leur essence ; phares qui contingemment tournent, plus souvent librent. L’une chez Johannes s’échancre et s’irrite à l’intrusion de Kaethe : les Pensées que son front exsude, ainsi faisant acte de Vie, s’interrompent en éparpillement effrité : du choc de l’intellectuelle existence et de la vie pratique, le néant, comme un serpent de sulfocyanure à sa naissance flamboyante rentrant ses cornes oculaires sous le dôme tombant d’un doigt. Or Kaethe un instant imitatrice encore sans doute et par comme Johannes nécessité d’analyse, discute, empruntant le verbe marital, devient donc partiellement intellect et compréhension de Johannes ; qui par contre-coup partiellement aussi s’identifie à Kaethe. Par deux points contingents et tangents de leur âme et seuls ils coïncident.

Chacune dans sa tour de diamant percée d’une fenêtre ou meurtrière unique, les Âmes (conservons ce mot de Cohen plus philosophiquement explicatif et précisant que traduisant, malgré le titre du drame édité chez Fischer : Einsame Menschen) dorment solitairement centrales aux hamacs arachnéens, se croyant ouvert le domaine des vérités parce que le transparent dur les encercle imperçu ; leurs grands yeux glauques de fœtus ouverts sur le piano où tout dans les accords d’Anna Mahr se résume : « Zum Tode gequält durch Gefangenschaft, bist Du jung gestorben. Im Kampfe für Dein Volk hast Du Deinen chr-