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LE CHAMP-DE-MARS

cessaire, ce qui a permis, en 1900, pour la première fois, de placer à côté des matières premières les machines destinées à les travailler, et ce qui donne par suite, aux diverses exhibitions, une clarté et un intérêt qui étaient beaucoup moindres aux précédentes expositions.

Aussi, la canalisation d’eau, de vapeur et d’électricité ont-elles une longueur de plus de 1.500 mètres, se développant dans tous les sens sous le Champ-de-Mars, avec une hauteur de 2m,70 et une largeur de 2m,70, constituant ainsi de véritables rues souterraines.

Les carneaux pour l’échappement des fumées, véritables tunnels aux dimensions énormes, aboutissent aux deux cheminées dont nous avons un spécimen sous les yeux. Pour ne pas déparer la physionomie riante de l’Exposition, on a donné les plus élégantes proportions et une décoration simple mais gaie, à ce gigantesque cylindre de briques, dont la couleur roussâtre, rehausée çà et là de vert, de bleu, de jaune, se détache bien sur le ciel. De cette vulgaire cheminée, on a fait une chose presque jolie, et qui s’harmonise fort bien avec le caractère des bâtiments environnants.

Le Palais de l’Électricité et le Château d’eau.

La Galerie des Machine et les usines de la force motrice sont masquées, du côté du Champ-de-Mars par la façade du Palais de l’Électricité, une des grandes attractions de l’Exposition.

Le mot magique : Électricité ! n’évoque-t-il pas mille merveilles[1] ?

Un palais digne d’elle a été construit pour la puissante fée. Dominant tous les édifices environnants, précédé du Château d’Eau et de deux rampes semi-circulaires, il constitue, dans le décor du Champ-de-Mars, comme une splendide toile de fond.

Entièrement constitué de fer et de verre, il se développe sur une longueur de 130 mètres, et atteint une hauteur de 70 mètres à son point culminant. Son motif central est dominé par un cartouche où brille la date de 1900, surmontée d’une figure allégorique, symolisant le Génie de l’Électricité debout sur un char qu’emportent des hippogriphes et brandissant le flambeau du Progrès.

La toiture affecte la forme d’un immense arc de cercle tréflé formé de la réunion de petits arcs de cercle accolés les uns aux autres et soutenus par des pylônes qui vont en diminuant de hauteur de chaque côté, ce qui donne au palais une forme elliptique très gracieuse.

La ligne de toiture est surmontée d’une crête à jour, formant frise, parée de milliers d’oriflammes multicolores.

La façade, en zinc repoussé et ajouré comme une dentelle se compose de neuf baies revêtues d’ornements polychromes, — vitraux et céramiques transparentes, — aux couleurs harmonieusement mélées.

Le Palais de l’Électricité, justifiant son nom, est illuminé par 5.000 lampes à incandescence de diverses couleurs, 8 lampes à arc avec projecteurs à verres colorés et 4 lampes à arc avec réflecteurs lui faisant, dès que tombe la nuit, une éblouissante parure de feu.

Le sous-sol du Palais de l’Électricité, réservé aux lourds moteurs électriques, est éclairé, jour et nuit, par des lampes. L’étage supérieur communique, par des esclaiers, avec les annexes latérales du palais, formées par deux galeries de 30 mètres de largeur.

La travée du centre se prolonge, entre les deux usines de la force motrice, par un grand vestivule, qui aboutit directement à la Salle des Fêtes de la Galerie des Machines.

Le Château d’Eau, placé en avant du Palais de l’Électricité, fait corps en quelque sorte avec ce monument, dans l’axe qui permet aux visiteurs de jouir de toutes parts du beau spectacle qu’il présente.

Il se compose d’une vaste niche hémisphérique de 30 mètres d’ouverture sur 11 mètres de profondeur, contenant une série de vasques immenses disposées en amphithéâtre, d’où tombent des nappes

  1. L’électricité constitue le cinquième groupe et comporte les classes suivantes : Classe 23, Production et utilisation mécaniques de l’électricité ; Classe 24, Électrochimie ; Classe 25, Éclairage électrique ; Classe 26, Télégraphie et téléphonie ; Classe 27, Applications diverses de l’électricité.