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L’EXPOSITION DE 1900

d’eau descendant en cascades pour rejoindre un vaste bassin au bas des larges rampes monumentales ellipsoïdales que nous avons déjà signalées. Des divinités et des génies des eaux forment la base de son ornementation, qui s’inspire un peu du style Louis XV. Au centre de la vasque inférieure se dresse, sur des roches naturelles, un groupe allégorique représentant l’Humanité, conduite par le Progrès, qui s’avance vers l’Avenir, en renversant dans l’écume deux figures de Furies qui personnifient la Routine.

Au centre de la voûte, jaillit d’une hauteur de 30 mètres une cascade plus imposante que celle de Saint-Cloud, véritable rivière de 10 mètres de largeur, déversant 1.200 litres d’eau par seconde[1].

Partout sont dispersés des groupes d’animaux chimériques vomissant de l’eau, des gerbes, des bouillons, des jets variés.

L’ensemble architectural formé par Palais de l’Électricité et par le Château d’Eau constitue, de jour et de nuit, un spectacle inoubliable.

Pendant la journée, les oriflammes, les verreries polychromes, les ciselures étincelantes, les dorures, les eaux jaillissantes réjouissent singulièrement les regards.

Le soir, les 5.000 lampes du Palais de l’Electricité et les 1.100 lampes du Château d’Eau s’illuminent de flammes multicolores d’une puissance et d’une variété fantastiques. La grotte s’embrase de rayons réfractés dans la masse liquide, dont les gerbes s’irradient des jeux d’une lumière polychrome changeante, au moyen de procédés nouveaux bien supérieurs à ceux mis en œuvre dans les fontaines lumineuses de 1889, de si célèbre mémoire. Rien n’a été négligé pour faire de ce spectacle étincelant une merveille unique au monde.

le palais de l’électricité et le château d’eau

Le Château d’Eau ne constitue pas seulement un motif décoratif. Il offre à la foule, des portiques, des promenoirs, dont quelques-uns passent sous les cascades. Ces portiques bordent toute la façade du Palais de l’Électricité, et s’infléchissent ensuite, à leurs extrémités de droite et de gauche, pour former deux vestibules donnant accès, du côté de l’avenue de Suffren, dans le Palais des Industries chimiques, du côté de l’avenue de la Bourdonnais, dans le Palais du

  1. Cette eau, pompée dans la Seine par deux machines élévatoires, est amenée dans un immense réservoir placé sur la plate-forme du Château d’Eau, à 35 mètres de hauteur. Elle sert ensuite à alimenter les générateurs de vapeur des deux usines de force motrice, qui en consomment, comme nous l’avons dit, 200.000 litres d’eau par heure. Elle peut être également utilisée en cas d’incendie.