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L’AFFAIRE DU TONKIN.

nois. » Enfin, M. Duclerc avait, plus récemment encore, fait entendre que les affaires du Tonkin regardaient exclusivement la France et l’Annam, et que nous ne pourrions y admettre en aucun cas l’ingérence du Céleste Empire. » Notre Ministre à au Ministre de Chine

Pékin avait été invité à tenir le même langage. Une attitude résolue, basée sur un titre certain, était la seule qui convînt à notre dignité, la seule efficace pour couper court à toute velléité d’intervention de la Chine.

Les premiers résultats de cette politique ne pouvaient que nous y engager davantage. Les déclarations faites à notre Ministre en Chine permettaient de penser, dès le mois de mars 1882, « que le Gouvernement chinois, en dépit de la vivacité de langage de son représentant à Paris, ne mettrait pas d’obstacle à la réalisation de nos projets sur l’Annam, en tant que nous nous bornerions les droits conférés au Gouvernement de la République par le traité franco-annamite de 1874. » Au mois de mai, M. Bourée écrivait, Au sortir d’une conférence avec le Tsong-li-Yamen, « que de toute façon, on serait très philosophe à Pékin sur ce que nous croirions devoir faire au Tonkin, pourvu que nous ménagions des susceptibilités qui semblaient n’avoir nul souci de devenir agressives. » Au mois de septembre encore, M. Duclerc croyait, d’après les rapports de M. Bourée, avoir « tout lieu d’espérer que nos bons rapports avec la Chine ne seraient pas sérieusement troublés par notre expédition sur le Song-Koï. »

Ces dispositions conciliantes, dont les symptômes se succédaient depuis le début de notre action, ne pouvaient que nous encourager à maintenir un ferme langage. La Chine entretenait encore, il est vrai, des troupes régulières au Tonkin, sous le prétexte d’y rétablir l’ordre. Mais n’y avait-elle pas envoyé déjà un corps expéditionnaire dans les mêmes conditions en 1874, et ne l’avait-elle pas rappelé sur notre demande ? Cette fois encore, elle ne tarderait pas à retirer ses soldats, quand elle nous verrait résolus à une occupation effective du pays. Il n’y avait aucun motif de croire qu’elle voulût s’opposer par la force à notre entreprise.