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L’AFFAIRE DU TONKIN.

CHAPITRE II

Départ de « la Corrèze. »

Premières nouvelles d’une Intervention armée de la Chine. Vues de M. Duclerc. — Le plan de l’amiral Jauréguiberry est repoussé. — Le transport la Corrèze est envoyé au Tonkin avec 700 hommes.

Décembre 1882.

Le 5 décembre 1882, on recevait au quai d’Orsay le télégramme suivant de M. Bourée, notre Ministre en Chine :

« Shanghaï, 5 décembre 1882.

« La guerre avec la Chine semblait inévitable ; je crois maintenant que le danger est écarté. Après une résistance opiniâtre, le Gouvernement chinois consent à rappeler ses troupes du Tonkin. L’ordre de retraite a été expédié par courrier rapide au Kouang-Si et au Yunnan. En attendant, il est urgent de télégraphier en Cochinchine, afin de prévenir l’ouverture des hostilités contre les troupes impériales. Nous sommes convenus que, pendant le délai nécessaire pour exécuter les instructions de Pékin, la responsabilité d’aucun des deux Gouvernements ne serait engagée par une collision. — Je discute et je vous soumettrai bientôt les bases d’un arrangement pour l’ouverture du Yunnan. »

« La guerre avec la Chine semblait inévitable. » — Rien ne nous préparait à une semblable nouvelle. Ni les déclarations du marquis Tseng, ni les rapports du Gouverneur de la Cochinchine ne laissaient entrevoir l’éventualité d’une rupture imminente. Les rapports même de M. Bourée avaient jusqu’alors gardé un caractère si rassurant, que M. Duclerc écrivait au mois de septembre précédent : « Je dois dire que les dispositions que M. Bourée a trouvées au Tsong-li-Yamen nous ont paru beaucoup plus conciliantes (que celle du marquis de Tseng), et c’est dans un ton bien différent de celui de M. le représentant en France que les membres du Conseil des Affaires étrangères se