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DÉPART DE « LA CORRÈZE. »

sont exprimés sur notre politique dans la péninsule indo-chinoise ». Le 9 octobre, M. Duclerc avait prévenu M. Bourée par télégraphe que des bruits relatifs à une intervention chinoise au Tonkin circulaient de nouveau. Notre représentant à Pékin en avait confirmé l’exactitude ; mais il n’avait cessé de faire entendre que nos apparentes hésitations étaient la cause de tout le mal et qu’une démonstration énergique de notre part en aurait raison.

S’était-il donc produit quelque événement imprévu qui avait déterminé le Gouvernement chinois à déroger à ses habitudes de prudence, pour partir en guerre ? On pouvait croire d’après les premiers mots du télégramme.

Heureusement la seconde phrase en corrigeait l’impression : — « Je crois maintenant que le danger est écarté. » — Si M. Bourée avait, quelques jours plus tôt, soupçonné un danger sérieux, son premier soin eût été certainement de le signaler à Paris. Il ne l’avait pas fait. C’est que, probablement, il n’avait aperçu le péril qu’au dernier jour, en même temps que le moyen de le conjurer. Peut-être s’en était-il exagéré les proportions. Peut-être avait-il disposé sa dépêche un peu de mise en scène, pour faire valoir les effets de son intervention, et justifier les pourparlers dont il avait, sans autorisation, pris l’initiative. Les circonstances permettaient au moins de le supposer.

Quoi qu’il en fût, la prudence conseillait de ne fournir aucun prétexte à un conflit, qui pût compromettre notre petit corps expéditionnaire du Tonkin. Il était d’autant plus facile de suivre l’avis envoyé de Tien-Tsin et de rassurer la Chine, qu’il n’entrait pas dans nos desseins d’engager alors une lutte contre les troupes impériales. Le Ministre des Affaires étrangères s’empressa donc de télégraphier que des mesures étaient prises pour qu’aucune action ne fût engagée au Tonkin contre les troupes chinoises, à moins d’attaque à repousser.

« Paris, 6 décembre 1882.

« Dès le reçu de votre télégramme d’hier, le Ministre de la Marine a invité gouvernement de la Cochinchine à donner des ordres précis pour que, à moins d’attaque à repousser, on n’engage au Tonkin aucune action contre les