Page:L'année sociologique, tome 11, 1906-1909.djvu/106

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rents ordres des Beizam, sont partagés entre les villages.

Suivant M. Haddon, ce culte serait d’importation étrangère il croit trouver une preuve de cet emprunt dans les voyages que le mythe prête au héros. Le culte d’un dieu individuel, anthropomorphique, serait venu de la Nouvelle-Guinée dans les Îles de l’ouest et, de là, dans celles de l’est où, par suite de la prospérité qui y règne, il aurait balayé le totémisme. Il n’est pas a priori impossible que les choses se soient passées ainsi ; l’extension rapide de ces grands cultes, mal définis, s’observe même en pays de totémisme, en Australie comme en Amérique. Mais il nous paraît douteux que le cas de Bomai-Malu soit un fait de ce genre. Sans doute, d’après le mythe, Bomai est venu de l’ouest et, peut-être, de la Nouvelle-Guinée. Mais cela peut tout aussi bien signifier que les Miriam ont emporté ce culte avec eux dans leurs émigrations d’abord vers le sud (îles de l’ouest), ensuite vers l’est. En tout cas, nous apercevons plus de différence que de parenté entre le culte et le mythe de Kwoiam et celui de Bomai-Malu ; même ce dernier nous paraît avoir plus de rapports avec les mythes totémiques du requin et du crocodile à Yam. Si donc la vague qui apporta le culte national à Mer et dans les îles Murray a vraiment passé sur les îles de l’ouest, elle y a certainement laissé peu de traces. Et il ne faut pas tenir un compte exagéré du mythe : le mythe de Malu n’est pas historique, selon nous, mais descriptif. Il nous paraît donc préférable d’y voir le produit d’une évolution indépendante. Étant données surtout les marques manifestement totémiques de ce culte, il est tout naturel de supposer que Bomai-Malu-Beizam est un ancien totem, peut-être de phratrie, qui, pour une raison quelconque, a été amené à prendre une place prépondérante. La société des hommes qui, à l’origine, se confond avec le système des clans totémiques, se serait donc concentrée tout entière autour de ce culte qui aurait absorbé les autres ou se les serait subordonnés. Nous aurions ainsi, dans ce cas privilégié, un moyen de nous figurer comment on est passé du totémisme néo-guinéen aux formes religieuses plus avancées des îles de l’ouest, et finalement à celles, plus évoluées encore, de l’est.

Nous ne parlerons que brièvement de la magie à laquelle M. Haddon rattache nombre de zogo que nous avons rangés dans la religion, ainsi que des pratiques qui se rapportent ou au totémisme finissant ou aux débuts du culte agraire. Même