Page:L'année sociologique, tome 11, 1906-1909.djvu/105

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groupe religieux se font en secret. Même, dans quelques cas, la conclusion du rite, une brève apparition de masques, est seule publique. Ces confréries, que désigne le mot de le (frères) ne sont pas mutuellement perméables ; on ne peut pas passer de l’une à l’autre ; il n’y a pas d’avancement dans la hiérarchie, contrairement à ce qui se passe d’ordinaire là où il y a confréries hiérarchisées. On naît Beizam boai, membre de la confrérie des Beizam, ou membre des Zagareb, parce qu’on est né dans tel village, tel district, et même, semble-t-il, tel versant de l’île. Tout cela est, à notre avis, un effet des anciens clans totémiques qui se partageaient les pouvoirs des Miriam sur la nature. Il semble bien, d’ailleurs, quand on analyse de plus près le recrutement de ces confréries, qu’elles se réduisent finalement à trois. Une seule d’entre elles a un rôle vraiment actif. C’est le groupe du Beizam (crocodile), avec ses divers ordres ; gens du Zogo (le masque), du kepar (la flèche) et du tamer (la masse d’armes), du chien, du pigeon, etc., du gregore (oiseau de Nouvelle-Guinée) regardé comme blason par toute la société ; ces derniers noms sont évidemment des vestiges d’anciens totems. Il y a, en second lieu, un groupe mi-partie actif, mi-partie spectateur, qui joue à peu près le rôle qui, dans d’autres tribus, revient à la phratrie spectatrice d’une cérémonie offerte par un clan de l’autre phratrie ; ce sont les Zagareb le, gens du tambour et du chant, qui chantent, battent la mesure, font la musique. Ce sont enfin les Tebud, les amis, qui n’ont aucun rôle sinon de nourrir les liturges. De ces confréries, aucun homme de Mer n’est exclu, sauf les étrangers.

Le rituel consiste en manifestation et port de masques (il y en a un ou plusieurs selon les confréries). Les plus importants sont à forme de crocodile et de requin (v. fig. 59 et suiv.). Il y a, de plus, adoration d’une sorte d’autel (fig. 12) qui semble avoir donné naissance à une sorte de culte épigone, indépendant (p. 269 et suiv.), danses, mimiques des diverses confréries des Beizam boai. Ces danses se font de village en village, comme une sorte de pèlerinage qui retrace les aventures de Bomai Malu. — Quant au mythe, il est intermédiaire entre celui d’un animal totémique qui tiendrait du requin et du crocodile (avec êtres subsumés, p. 253, 256 et 38, n. 1 et 2), celui d’une constellation qui règle une partie de la vie agricole et humaine (p. 269 et suiv.), et celui d’une divinité héroïque, humaine, symbole de la force guerrière des Miriam. Les épisodes du mythe, comme les diverses cérémonies et les diffé-