Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/108

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Il dépeint l’horreur de la tranchée prise, l’affreuse odeur, la levée de terre faite en hâte où se mêlent des débris humains, têtes et bras. Et là-dedans nos hommes ont de l’eau jusqu’aux genoux et disent : « Ça va bien, mon général. » Il dit que les hommes finissent par ne plus se garer des obus de 77. Les gros calibres n’atteignent que l’homme sur lequel ils tombent. Les autres peuvent s’abriter en se couchant.

Mais les mitrailleuses sont effroyables, grâce à leur nombre, à l’art de les poster en flanquement. Le général a trouvé des mitrailleurs attachés à leur engin. Ayant fait 400 prisonniers, il leur dit : « Vous êtes braves, vous marchiez sur nous en rangs serrés. » Ils avouèrent que des mitrailleuses les menaçaient par derrière. C’était la fuite en avant.

— Brieux, retour d’Amérique, raconte dans un déjeuner qu’on lui avait recommandé là-bas d’être prudent, réservé dans son langage. Inutile précaution devant l’enthousiasme : « J’étais le plus neutre », dit-il. Il fit une conférence devant le duc de Connaught, oncle du roi d’Angleterre, et la duchesse, qui est Allemande. La conférence finie, elle vint à Brieux et, tout en larmes, lui dit : « Ah ! Monsieur Brieux, il m’est arrivé un grand malheur dans mon enfance ; je suis née en Allemagne. »

— Les rapports entre Poincaré et Ribot sont assez tendus. Ribot voit en Poincaré un usurpateur. Et Poincaré voit en Ribot un successeur, avant la fin du septennat.

— Le 19. Toujours le concours de l’Italie. Au Conseil, on discute une heure la question de savoir si le duc de Turin, chef de la marine italienne, commandera l’ensemble de la flotte méditerranéenne. Il