Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/127

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ayant mesuré nos forces. » Il raille les Russes « qui ont des défaites en ordre, tandis que les Allemands ont des victoires en désordre ».

— Loti — qui voulait jadis être brancardier — entendant vanter le modeste héroïsme du facteur au front, veut maintenant être facteur. À quoi Mme  Thomson : « Loti, vous feriez mieux d’écrire des lettres que d’en porter. »

— Ici se place une mission dans la Somme…

— 28 juin. La discipline allemande enjoint aux habitants de Carlsruhe d’ouvrir les portes dès qu’on signale des avions, pour que chacun puisse se réfugier à l’intérieur. Et cela sous peine d’amende et prison. Chez nous, tous les tués étaient dehors, nez en l’air. Singulier héroïsme. À quoi servait-il ?

— Dans le même esprit. Je vois qu’un général a été tué parce qu’il s’était assis sur le parapet d’une tranchée. L’article s’appelle « Mort héroïque d’un général ». Pourquoi alors enseigner aux hommes qu’un abri sert à abriter ? Et si la vie d’un chef est utile, pourquoi l’exposer sans raison ? De même, on raille ceux qui se courbent dans les tranchées, bien qu’elles aient été construites pour dérober à la vue. Éternel conflit des instincts ! Tout est décidément absurde, dans cette sombre absurdité de la guerre.

L’Économiste Européen dit que, dans l’hiver 1914-1915, les Anglais ont fait de la cotonnade pour remplacer les Allemands sur tous les marchés, tandis que nous faisions des obus. Les exportations anglaises augmentaient, tandis que les nôtres fléchissaient. Aujourd’hui il faut attendre que les Anglais aient des munitions. Mme  Thomson résume : ils faisaient du coton quand nous faisions du fulmi-coton.

— Le 30 juin. Bouttieaux revient du G. Q. G. On y est souriant, toujours : « Ça va, ça va. » On y