Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/128

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exprime timidement l’espoir d’être sur la Meuse cet hiver. Joffre, un peu fatigué, dit à Bouttieaux qu’il veut des raids modèle Carlsruhe pour faire sentir aux Allemands « qu’on est en guerre ». On a de grands projets aériens : bombes à acide prussique, incendie des moissons, même dans le Nord, avec des obus au phosphore blanc et des bombes inventées par André Lefèvre (l’homme de l’attaque brusquée).

— Le 30 juin. Richtenberger déclare, d’après Freystatter, que la guerre a été ourdie par les Jésuites afin de rétablir le pouvoir temporel du pape. Ainsi s’explique l’attitude de l’Espagne, l’interview du pape, etc.

— Un colonel se fait fort d’affirmer, listes en main, que les officiers sortis des maisons religieuses et de l’École de guerre ont été nettement favorisés. Mesquines querelles, mais qui donnent une singulière figure à la guerre : ces officiers continuant de se soutenir, de se servir, à la faveur de ce carnage sans exemple.

— On houspille l’Anglais qui ne veut pas s’engager. Si pourtant il est contre la guerre ? Réponse : « On ne peut pas être contre la guerre dans la guerre. » Évidemment, on ne peut pas refuser de faire la chaîne quand la maison brûle. Mais a-t-on jamais vu pareille oppression des consciences ? Non, jamais. Car les guerres n’avaient jamais eu lieu entre des nations armées.