sations peuvent être écoutées, emploie une métaphore pour parler de la date de l’offensive. Comme nous projetions de faire une pièce ensemble, il me demande combien mon manuscrit a de pages. Je réponds : « 15 ». Ce qui signifie : c’est pour le 15 septembre. Cela devient un mot de passe. Il me demande si le manuscrit est rallongé, raccourci et, une fois où le bruit courut qu’on renonce à l’offensive, il interroge : « Est-ce vrai qu’on a jeté le manuscrit au feu ? »
— Le ministre de l’Instruction publique publie une circulaire sur la rentrée des classes. Il invite violemment les maîtres à pénétrer leur enseignement de la guerre, à en dégager les exemples, les leçons, les beautés.
Pas un mot pour en dégager aussi l’horreur, la stupidité, les deuils et les misères. Comment les générations futures se guériront-elles de cet absurde mal, si on les prépare à l’aimer ?
— On continue de sévir contre les alarmistes. Un jeune homme a dit dans un restaurant désert que des régiments avaient flanché. Il est condamné.
Autre fait-divers, découpé dans les journaux. Un ouvrier tient des propos « alarmistes ». Une femme l’injurie. Il l’appelle « vieille toupie » et se sauve. Quelques jours plus tard, elle le croise et le fait arrêter par un agent. Elle ne cache pas qu’elle a voulu se venger. Ainsi, la dénonciation peut, ouvertement, servir la vindicte.
— Défense de donner à boire aux soldats le matin avant 11 heures et l’après-midi avant 5 heures. Des permissionnaires qui ont voyagé deux nuits, des convalescents qui claquent de fièvre, doivent attendre.
À ce propos, un ministre raconte qu’il a voulu offrir, dans un thé où il était archi-connu, des con-