Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/154

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sommations à une dame, sa fille et le fiancé de celle-ci, permissionnaire. Il est 4 h. 1/4. Le maître d’hôtel refuse respectueusement. « Soit. Donnez du thé à ces dames. » Nouveau refus. Le soldat pourrait boire dans leur tasse. Et le patron montre, en exemple, un officier qui s’en va pour permettre à ses deux compagnes de boire.

— Le 14. Dans un même numéro de La Liberté, celle-ci se félicite férocement de notre raid aérien sur Trèves, souhaite qu’on ait détruit de vieux monuments et tué beaucoup d’habitants, et intitule un article sur une incursion des avions allemands sur la côte de Kent : « les Pirates ».

— On évoque à nouveau devant moi des souvenirs du début de septembre 1914. Galliéni prenant les ordres de Millerand, décidant la guerre de rues dans Paris, désignant les ponts à faire sauter… Et Joffre demandant à Millerand l’avis du Gouvernement sur une offensive qui se présente dans des conditions très favorables, mais dont l’échec aurait les plus graves conséquences, Millerand assurant Joffre qu’il a la confiance du Gouvernement, qu’il a les mains libres, et que lui, Millerand, prend sur lui ce langage. Ce n’est qu’ensuite que Millerand rend compte de son initiative au Gouvernement.

— Sur la prochaine offensive projetée, j’entends dire que, du chef au soldat, tous ont confiance. Erreur. La majorité aux armées croit qu’on ne peut pas percer.

Le Temps du 15 annonce que les habitants de Nancy seront désormais avertis des taubes par des sonneries. On prend cette précaution élémentaire après 14 mois de guerre et maints bombardements ! Tel est l’effet de cet esprit de niaise fanfaronnade, de cette facilité moutonnière des populations de