Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bonne nouvelle. » Son père, 77 ans, très malade, dit à son médecin : « Le jour où on avance, ça va mieux. »

— Je voyage avec un médecin belge qu’on prend, à la couleur kaki de son uniforme, pour un Anglais. Il se défend : « Je ne voudrais pas plus être Anglais qu’être Allemand. »

— Il y eut Conseil les samedi 2 et dimanche 3. Toujours Salonique. L’imbroglio balkanique serait comique s’il n’était pas macabre. La Grèce annonce le samedi qu’elle tirera sur nos bateaux. Le dimanche elle est souriante. Dans l’intervalle, on lui a donné l’assurance qu’on ne traitait pas en sous-main avec la Bulgarie. De plus, la Russie, qui a libéré jadis la Bulgarie, lui a adressé un ultimatum, ce qui est assez fin. Quant à Delcassé, il est sombre et muet. On rédige des dépêches extérieures avec son seul consentement tacite. Un des ministres assure que le roi Constantin, pris par l’attrait des choses militaires, marchera : « C’est une foutue bête, dit-il, c’est le type même du militaire. » Millerand dit âprement : « Merci. » Cet avocat est offensé comme ministre de la Guerre.

— Bienvenu-Martin, qui vient de perdre son fils à l’ennemi, s’intéresse passionnément à l’offensive et dit : « Il n’y a plus que ces nouvelles-là qui puissent me consoler. »

— Le docteur P…, qui a aussi perdu un fils, est extrêmement patriote. On disait devant lui que Castelnau venait de perdre son troisième fils. P…, lui reprochant de n’avoir pas réussi l’offensive, dit : « S’il n’avait perdu que ses fils ! »

— Le 5. On prête à Castelnau diverses opinions sur l’offensive. Poincaré voulut l’aller revoir pendant l’action. Le général Pellé l’en détourne. Il était préférable que le président s’abstînt.