Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/161

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— On cite aussi ce trait d’habileté du G. Q. G., qui vient de donner la médaille militaire à Galliéni avec cet attendu : « pour avoir exécuté les ordres de Joffre ».

— En apprenant la mort de son troisième fils, Castelnau dit : « Je l’offre à Dieu et à la Patrie. » Ce sont de douloureuses dispositions pour poursuivre une offensive. Castelnau dit lui-même qu’il compte sur un miracle.

— Pasquet voyage avec un grand blessé retour d’Allemagne. Dans les camps de concentration, les Français exercent sur leurs gardiens une sorte de prestigieuse séduction. À ce point qu’on change ces gardiens toutes les 48 heures, de crainte que les prisonniers n’en fassent des serviteurs et même des complices.

Je rapporte cela devant de grands patriotes. Leur visage se ferme. Leur haine est si absolue qu’elle ne veut pas d’un rapprochement, si flatteur qu’il soit pour nous.

Ils répugnent aussi à admettre le fait, unanimement rapporté, que les Français prisonniers sont mieux traités que les Russes et les Anglais. Ils ne veulent pas que les Allemands aient une préférence pour les Français. Il leur faut une haine colossale.

— Parmi les raisons qui font continuer la guerre, il y a le fait qu’on ne la réalise pas ; il y a le manque de honte et de gêne à bien vivre, à se féliciter d’un plat réussi, à n’être pas troublé par les deuils du pays, les indicibles misères du front.

Mme X…, jugeant les auxiliaires d’après ceux qu’on lui donne comme infirmiers à son hôpital, déclare que c’est de la vadrouille, le rebut, le déchet de l’humanité. Elle en prend à témoin le notoire écrivain Ernest-Charles, mobilisé au Service de