Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/167

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— Des journaux. Des enfants jouent à la guerre près de Lieusaint. Ils se sont brûlés avec des feuilles enflammées qui représentaient les matières asphyxiantes et blessés avec des pierres qui représentaient les grenades. Voilà la préparation de l’avenir, la paix durable.

— Les officiers de troupe disent que l’État-Major a fait deux fois faillite : 1o avec la guerre de mouvements (Charleroi) ; 2o avec la percée sur un point (Champagne, Artois).

— On fait de tranquilles préparatifs pour l’hiver : 2.000 baraques Adrian, 10.000 poêles, 40.000 braseros.

— À propos de Gosset, le premier chirurgien de sa génération, qui a fait de vrais miracles opératoires. On l’a envoyé inspecter la Tunisie. Il a opéré là 3 civils et vu 2 blessés. Il a visité le pays. L’autorité militaire voudrait l’y maintenir. Elle y serait parvenue, sans Clemenceau, opéré par Gosset et resté reconnaissant. C’était sûrement la revanche de ses concurrents, à la faveur de la guerre.

— Tristan dit, de certains officiers qui se sont attiré par leur dureté la haine des hommes et qui sont exposés à recevoir d’eux une balle, qu’ils sont d’avance « mort-au-champ-d’honorisés ».

— Une infirmière lit à un blessé illettré une lettre de sa femme lui annonçant qu’elle a été violée 7 fois. L’infirmière hésite, puis s’exécute. Et l’homme : « Dame, c’est une gaillarde. »

— Le 22. Dîner avec Painlevé et les Victor Margueritte. Tout le monde parle de guillotiner les gens en place. Painlevé continue de se plaindre de la lenteur des militaires. Il cite le cas d’un engin à couper les fils de fer qu’il tente vainement de faire adopter depuis des mois.