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JANVIER 1916


— Le 1er. L’historien Lavisse, dans le Petit Parisien, donne doucement des conseils à la minorité qui voudrait la paix. Car il veut la guerre, lui, encore des morts, beaucoup de morts, car il songe à l’avenir, lui, il aime son pays, lui ! En fait, ses raisons témoignent de la démence générale. Les voici :

1o Il ne faut pas que tant de Français soient morts inutilement. (Donc faisons-en mourir encore autant d’autres.)

2o Nos deuils réclament la consolation de la vengeance. (Sentiment qu’on jugerait barbare et préhistorique, en temps lucide.)

3o Il faut que cette guerre « qui nous a été imposée » soit la revanche de 1870. (Hé, hé, pas fâché, par conséquent, d’avoir été contraint à la revanche.)

4o Le Français ne peut pas vivre sans honneur et sans gloire. Il doit libérer le monde de la tyrannie, etc. (Ah ! si on soulevait la chemise des mots, quelle sale anatomie apparaîtrait !)

— Le Congrès socialiste clôt ses séances. Son manifeste veut le retour de l’Alsace-Lorraine, mais envisage subsidiairement le vote des populations. Cette vue révolte le patriotisme bien pensant. L’abbé Watterlé — qui fut pourtant autonomiste — se rebelle contre cette possibilité de référendum,