Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/213

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tions ! » Un soir, par inadvertance, un typo commit une erreur regrettable. On courut après les exemplaires sortis, mais 10.000 d’entre eux étaient déjà en vente. On y lisait ce titre : « Des canons ! Des commissions ! »

— Le 5. Accambray grandit. Clemenceau lui consacre deux articles, littéralement composés de fragments du discours d’Accambray sur le contrôle aux armées. Ce matin, Capus le compare à Robespierre.

Je l’ai connu à Polytechnique. Je l’ai revu dans des banquets de promotions. Le fait que j’écrivais l’attirait. Mais il ne se livrait pas. Il paraissait insouciant, fringant. Son physique de joli officier de cavalerie, profil régulier et longue moustache blonde, accentuait l’erreur. En 1913, son livre, Pour la Puissance de la Patrie, me frappa par l’énorme effort, par le courage des attaques contre l’esprit de Polytechnique et surtout de l’École de guerre. Député frais élu, il paraissait candide, convaincu, sans ambition au sens étroit du mot. Pendant cette guerre, il fait preuve de courage civique et de ténacité, bravant le ridicule et les injures, d’abord seul contre tous. Justin Godard me disait qu’Accambray lui avait fait de la peine, un jour, à la tribune où il lisait un discours parmi les rires et l’inattention. Puis il a groupé 157 voix autour de lui. Et tout en ayant gardé une fraîche intégrité, il a puisé de l’assurance dans ses récents succès.

— En fait de rapide ascension, je noterai comment j’ai connu Briand. En 1897, mon ami Olivier (qui fut blessé l’année suivante par Mme  Paulmier, depuis marquise de Dion) me demandait un conseil sur l’achat d’un journal. J’étais à la campagne. Il m’invita à déjeuner et vint me chercher à la gare