Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/229

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— Philippe Berthelot s’affirme l’Éminence grise des Affaires Étrangères. C’est un personnage singulier. Intelligent, spirituel, il affiche un scepticisme sans limite. Et il n’est guère possible de savoir si c’est le fond de sa nature ou s’il le montre par besoin d’étonner, d’éblouir, s’il ne cache pas en dessous une sensibilité réelle.

— Le 17. Ribot enlève le vote des crédits et lance son habituel couplet sur l’armée. La Chambre est chaude pour les soldats et froide pour les chefs.

— Un jeune officier, qui voulait sans doute apprendre l’anglais, désigne la poitrine d’une jeune infirmière anglaise et lui demande le nom de ces avantages. Elle lui répond : « Touchez, mais ne nommez pas. »

— Héroïsation. Un officier de réserve fait une chute de cheval à 20 kilomètres du front. Il se brise le petit doigt, se fait ramener à Paris. Et peu à peu, de bonne foi, l’histoire se transforme. Si le cheval est tombé, c’est qu’il était faible du devant. Et il était faible du devant parce qu’il avait, jadis, reçu un éclat d’obus dans le poitrail. On devine la métamorphose. Au bout de quelques mois, le héros est tombé du cheval qui recevait un obus.

— Des chauffeurs de camions du ravitaillement de Verdun disent qu’ils ont peine parfois à éviter d’écraser des soldats qui recherchent l’accident : « Tu ne peux donc pas m’écraser une quille ? »

— Le 17, dans son discours, Ribot a dit : « On peut commencer d’apercevoir la fin de la guerre. » Cette phrase a eu un immense retentissement. Je l’ai entendu épeler par des ménagères, dans les rues, dans les gares. À Munich on l’a affichée. Cinq jours après, on me demande encore au téléphone ce que j’en pense. Elle a ému les deux camps. Ceux qui