fenêtre. Peu à peu, on dégèle. Mme Guillaumet, qui est alsacienne, est entre les deux ministres, très empressés auprès d’elle… On dirait une allégorie : l’Alsace investie par les Français. Nous sommes seuls dans ce charmant Andernos. Et cependant, le maire a flairé le président. Il le pince sur la digue et l’entreprend sur les travaux de sa commune.
— À propos des atrocités allemandes, Viviani disait que, dans une armée de 3 millions d’Allemands, il peut bien y avoir 25.000 brutes.
— Le 22 octobre se dessine un courant pour le prompt retour à Paris. Poincaré est en tête du mouvement. Il subit l’influence de son courrier anonyme, qu’il dépouille soigneusement.
— Un sous-préfet me dit : « Je ne suis pas mobilisé parce que j’ai perdu onze phalanges au service. » Instinctivement, je regarde ses mains, qui sont intactes. Ce doit être aux pieds. Mais que c’est étrange, cette nécessité de se justifier, de se légitimer. Dans la paix, on n’a pas le souci d’un devoir commun.
— Déjà on voit poindre des articles sur la guerre rédemptrice.
— Parmi les anecdotes imprimées, je relève celle des cibles. Au-dessus des tranchées, des deux côtés, on dresse des cibles où tirent les adversaires. Et on salue de hourrahs les plus jolis cartons. Ce tir-là, au moins, c’est inoffensif.
— On dit aussi que beaucoup d’Allemands ayant été garçons de café et d’hôtel en France, il suffit de crier devant leurs tranchées : « Garçon ! » pour les faire tous dresser.
— On me raconte ce joli trait : en avant des tranchées, il y a des patrouilles rampantes qui vont ramasser les blessés. Une de ces patrouilles trouve