Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/24

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un officier allemand intransportable. Et pendant cinq jours, elle lui apporte à manger.

— Un soldat français faisait le mort le long d’une haie. Enfin il se hasarde à se soulever. Mais un Allemand se démasque de derrière un arbre et, d’un signe, lui fait : « Non… ».

— Les Russes ont battu en retraite en octobre. On avait dit qu’ils écraseraient les Allemands comme un rouleau à vapeur. Tristan Bernard dit que le rouleau fait de la marche arrière.

— La religion catholique met la main sur ce qui est faible : malades et blessés. Ce sont des chants, des douceurs, de petits cadeaux. Quelle habile et forte emprise…

— Je vois un petit volontaire de dix-sept ans. Certes, il a la foi patriotique. Mais combien sa joie est vive de se montrer en soldat à des jeunes filles, rencontrées sur le cours de l’Intendance.

— On veut voir dans les cruautés allemandes un côté sadique. On signalera le village où ils contraignent une jeune fille à se promener en mariée, puis la fusillent. Un autre où ils se servent d’un voile de première communiante comme d’un linge hygiénique. Mais en savaient-ils l’usage primitif ?

— Briand dit que les maris cocus lisent avec mélancolie le communiqué : « Rien de nouveau sur le front. »

— Un fabricant d’acier pour obus, auquel on rend des soldats comme ouvriers, me dit : « Je vais enfin savoir ce que les ouvriers peuvent rendre au maximum. Car s’ils ne travaillent pas, je les renvoie au front. »

— Une femme est furieuse parce que je lui démontre que son mari n’est pas exposé. Elle veut