Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/271

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— Une photo de prisonniers allemands et des soldats qui les surveillent. Comme ils se ressemblent, gardés et gardiens ! Quelle paix cordiale entre eux ! Rien n’illustre mieux l’ignoble absurdité.

— Une des plus abominables figures de la guerre, c’est le marchand en gros, qui fait fortune sur la misère des temps. Le pouvoir est impuissant contre eux. Pour baisser le prix de la viande, on agit de biais contre ce potentat, ou ouvre des boucheries municipales, afin de contraindre à la baisse par la concurrence. Je ne sais où, les laiteries en gros ayant décidé de fixer le prix du lait à 0 fr. 30, la municipalité en est réduite à donner le conseil d’user le moins de lait possible : la consommation diminuant, les marchands seront bien obligés de baisser leurs prix.

— On dit : l’armée Broussiloff, l’armée Letchisky, l’armée Mackenstein. En France, flambeau de la civilisation, il est interdit de nommer le général Foch, qui commande le groupe d’armées du Nord. Son nom vient d’être censuré hier dans un journal.

— Les communiqués sont imprimés avec des artifices typographiques — caractères gras, soulignages — qui laissent dans l’ombre les revers et illuminent les succès. Celui qui lit vite ignore la défaite. Comme c’est commode !

— Le Comité secret du Sénat s’achève le dimanche 9. Clemenceau a parlé. Mais, dit Tristan Bernard, « il était dans une condition inférieure ». Briand, dans un discours très applaudi, semble avoir laissé entrevoir l’espoir d’une paix séparée de l’Autriche. Il n’y eut que 6 voix contre le Gouvernement.

— Caillaux, il y a six mois, « aurait eu en poche l’Alsace-Lorraine ».

— Un député demande à Caillaux : « Est-il vrai