Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/49

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adhéré à un groupe dont le statut et la force exigeaient le refus du pouvoir.

Des circonstances exceptionnelles lui ont permis de jouir d’une puissance qu’il dédaignait par principe, mais c’est assez triste de voir ces hommes — même Guesde, toujours simple, mais roulant en auto, se hissant dans son wagon réservé — jouir si heureusement, si ingénument du pouvoir.

— On dit veuve, orphelin. Il y a des mots pour la femme qui a perdu son mari, ses parents. Il n’y en a pas pour celle qui a perdu son enfant.

— À signaler les prières-chantages, qu’on reçoit et qu’il faut renvoyer à neuf personnes, sans quoi « le malheur sera sur soi et sur ceux qu’on aime ».

— On ne peut pas dire : que les dames espagnoles ont demandé à tous les combattants de faire trêve la nuit de Noël.

— On ne peut pas dire : que Joffre a eu tort, dans son ordre du 10 septembre 1914, de dire qu’il préparait depuis 44 ans la Revanche. Et cependant, cela autorise l’Histoire à dire que cette guerre ne fut pas uniquement une agression allemande.

— On ne peut pas dire : que les Allemands ont encore des ressources.

— À Londres, on a mis des abat-jour sur les réverbères. La Loïe Fuller, qui lança les danses lumineuses, dit à Lord Kitchner que ces réflecteurs éclairaient magnifiquement le sol. Il répondit que cela ne faisait rien, puisque les londoniens étaient contents.

— Sous une gravure de l’Illustration, je lis cette putride fadeur : « La rouge rosée abreuve les guérets que fécondait la sueur des laboureurs. »

— Fin novembre 1914, les ministres ignorent le nombre des hommes aux armées. Ils sont obligés de