Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/50

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se fonder sur le nombre de rations fournies par l’Intendance, nombre qu’il a fallu connaître pour fixer celui des bouteilles de champagne à distribuer dans la nuit de Noël.

— Le retour à Paris sera jusqu’au bout une question ardue. Le mot d’ordre de rester à Bordeaux est donné par les journaux réactionnaires, par les gens qui sont restés à Paris et par le petit gouvernement de Paris. Aussi apparaît-il pénible d’y obéir. D’autre part, on a lancé des insinuations venimeuses : en rentrant à Paris, le Gouvernement va exposer la ville à des attaques de zeppelins, à de nouveaux efforts de briser nos lignes. Alors, on hésite. On parle d’une cote mal taillée : les ministres rentreraient sans leurs services…

— Déjeuner chez les Sembat, au Lycée de Longchamps, où nichent trois ministères. Ensuite, promenade dans les bois et les sources de Gazinet, le site préféré de Sembat. Leur puissante « Daimler » nous précède. Elle est conduite par deux soldats et quand ils étendent chacun un bras vers le vide pour nous faire stopper, on dirait qu’il n’y a qu’un conducteur, d’une énorme envergure. Sembat explique un projet de reconstruction des maisons démolies, en hygiène et en beauté. On offrirait une prime aux propriétaires consentants. Si bien que le Nord serait finalement supérieur au Midi.