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Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/51

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DÉCEMBRE 1914


— Au Conseil des ministres du 1er décembre, Ribot déclare qu’il rentrera le lundi suivant à Paris, en tous cas : « Vous devenez révolutionnaire ». sourit Sembat. « Comme vous naguère », distille Ribot.

— On ignore tout des départements envahis, plus que de l’Allemagne. C’est une autre planète.

— Le militaire brime et méprise le civil. Il y a un fossé entre les deux éléments. Et c’est d’autant plus extraordinaire que, sauf 30.000 professionnels, les 5 millions de militaires sont des civils provisoirement revêtus d’uniformes.

— On ne peut pas dire : que les Allemands, d’après les premières rumeurs qui nous parviennent, auraient ingénieusement organisé les régions envahies, excitant la production industrielle dont ils réquisitionnent la moitié, etc.

— Anatole France aura eu un sort singulier dans cette guerre. Il eut d’abord le courage d’envisager la reprise de l’amitié allemande dans la paix. Affolé par les blâmes dont on l’accabla, il sauta d’un extrême à l’autre, demanda à s’engager à 71 ans. Au conseil de révision, on lui fit respectueusement remarquer qu’il n’était plus apte au service armé. Tristan Bernard prétend qu’on le porta : ajourné.