Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/60

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moins. Il y a des gens qui s’habituent à la mort des autres.

— La formule de Pichon « finir vite et bien par les Japonais » est séduisante. Mais certains y répugnent parce qu’ils veulent une victoire « bien française » (nous sommes sept nations alliées, cependant), parce qu’ils ne veulent pas mettre de Jaunes dans le conflit. (Nous y avons mis des Noirs.)

— À l’hôpital 52 — l’hôtel du prince de Wagram, — on donne des concerts où l’on récite du gai, du tendre et du cocardier. Et comme ce sont des blessés des yeux, portant tous un bandeau, cela fait un étrange effet, cet auditoire qui rit et qui pleure d’un œil, la tête penchée.

— Les Allemands ont inventé le canon dit : le 420. Mais ils avaient aussi inventé le sérum dit le 606.

— C’est étrange, cette guerre de tranchées, où il y a des projectiles de fortune. Et quand j’entends que le droit lutte contre la barbarie, je pense que c’est à coups de boîtes à sardines remplies de mélinite.

— On donne des preuves de la préméditation allemande. Au 15 juillet 1914, un médecin allemand, dans une ville d’eaux, a dit à un cariste français : « Vous ne ferez pas vos trois semaines. » Il y a aussi le prince de Monaco à qui le kaiser a dit tristement, en lui montrant la flotte anglaise en juillet 1914 : « La guerre est proche. » Mais c’étaient des prédictions annuelles depuis dix ans.

— La réaction active sa campagne antiparlementaire. Si les députés parlent, on leur dit : « Allez au front. » S’ils se taisent et laissent la parole aux militaires, Paul Bourget écrit : « Vous voyez qu’ils sont inutiles ! »