Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/65

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rembourser le lendemain. Ces Anglais, en général, boivent énormément.

— Dans le Nord, les Indiens, qui sont fort beaux, font souche.

— Le président américain Wilson dit : « Nous nous occupons, nous autres, de ce qui ne nous regarde pas. Et je ne plaisante qu’à demi en disant cela. » Aurait-il l’intention d’arbitrer le conflit ? Quant à Roosevelt, il crie que la Convention de La Haye n’est qu’une farce, puisqu’on a laissé violer la Belgique.

— À Alger, la femme du général M… décore les zouaves, au départ, de la médaille de la Vierge.

— On me montre une lettre d’un médecin mobilisé. Il a fait le coup de feu, puis a soigné les prisonniers blessés. Ainsi il peut extraire la balle qu’il a envoyée ! Cet homme écrit : « Dans les tranchées, je sens la vraie France qui vibre, vit, palpite. » Il ne l’a donc jamais vue dans les laboratoires, les ateliers, dans le geste amoureux d’un potier qui tourne un vase ?

— Les fabricants d’absinthe cherchent à émouvoir sur leur sort. Je m’indigne : « On n’a pas le droit de vendre du poison. Vend-on de l’assassinat ? » Alors, un de nos parlementaires, qui ne résiste pas à un mot : « Oui, la guerre. »

— Une fille embrasse son souteneur qui part : « Violes-en beaucoup. »

— On dit de Sarrail : « Il paraît que c’est un général républicain. » Nous serions stupéfaits si, parlant de Van Kluck ou d’Hindenbourg, on ajoutait : « Il paraît qu’ils sont pour l’empereur. »

— Quelques jours après le déjeuner du 9 janvier à l’Élysée, l’ancien ministre Étienne vit Joffre. Celui-ci lui fit jurer de se taire même à son meilleur