sente le danger d’une paix actuelle, où l’on retomberait au statu quo, avec les mêmes menaces qu’avant la guerre, et des victimes inutiles.
— Le 30. On saisit dans les bureaux de la Bonne Presse la prière distribuée par le journal catholique le Pèlerin, pour la paix. Mais on intervient en faveur du directeur Bertaux près du ministre de l’Intérieur. L’incident s’arrange. Les catholiques français déclareront qu’ils veulent la paix assurant la Justice et le Droit.
Je m’étonne que l’Église catholique demande la fin de la guerre. Elle en profite trop. Ces aumôniers qui sortent comme des rats des soutes et des casemates, ces messes, cette emprise sur les faibles, les blessés, cette exaltation des sentiments de résignation, d’effroi de l’au-delà… Voit-on un fournisseur aux armées demandant la paix ?
— Le critique C… rapporte que son frère, capitaine d’infanterie et républicain modéré, lui écrit que les mots d’ordre dans l’armée de Castelnau ont été : Cathelineau, La Trémoille, deux généraux vendéens qui n’ont tué que des Français. Que dirait-on si Sarrail prenait pour mots Jaurès, Blanqui, Robespierre, Saint-Just ?
— Ce même Castelnau, visitant un hôpital à Amiens, pose au médecin-chef cette première question : « Avez-vous un aumônier ? »
— Dans les couvents, on prie pour les armées. Une certaine prière vaut un gain d’une tranchée. Une petite fille modèle dit à sa mère : « Maman, j’ai pris trois tranchées, ce matin. »