sort de la France dans ses mains ». Il lui a paru fin, sensé, donnant une impression de certitude. Il dit : « Quand nous serons en Allemagne. » Il explique nos offensives actuelles par la nécessité de harceler l’ennemi sur tout le front, afin de l’y retenir. Faute de quoi il se retournerait vers les Russes, en aurait raison et reviendrait ensuite sur nous.
— Le 22 février, Étienne a arrangé un déjeuner à l’Élysée, où sont réunis Poincaré, Joffre, Bourgeois, Freycinet. Il s’agit de se concilier ces deux derniers, qui dirigent la Commission sénatoriale de l’armée et qui, sous l’influence de Clemenceau, se montraient sévères pour Joffre. Surtout Freycinet. Mais celui-ci a été séduit, subjugué par Joffre. Et on me peint ce frêle et diaphane vieillard, d’ordinaire blanc comme un os, qui rougit, se congestionne, tant par le repas que par la joie puérile de traiter à égalité avec le généralissime. La paix est faite. Du moins cette paix-là.
— On envisage devant moi l’après-guerre. Les soldats des tranchées auraient contracté des habitudes de paresse et de violence qu’ils rapporteraient dans la paix. La nécessité de retravailler leur serait insupportable. Quant aux femmes, les allocations leur ont fait une situation stable qu’elles ne retrouveront pas toutes.
— Ribot, parlant de ses collègues du Cabinet, consent à Millerand des qualités de travail. Puis, avec un geste papelard : « Un avoué… »
— Mme Poincaré distribue, à l’hôpital 52, des cahiers de papier à cigarettes ornés du portrait de son mari.
— Le 25. Dîner avec Bouttieaux, Tristan Bernard. Celui-ci dit que les diplomates sont comme des cochers poudrés qui voudraient faire marcher