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L'HOMME, CET INCONNU

séparé de son milieu n'existe plus. Sur le vivant, le sang circulant est partout présent. Il bat dans les artères, glisse dans les veines bleuâtres, remplit les vaisseaux capillaires, et baigne tous les tissus de lymphe transparente. Pour saisir ce monde intérieur tel qu'il est, des techniques plus délicates que celles de l'anatomie et de l’histologie sont nécessaires. Il faut étudier les organes sur des animaux et des hommes vivants, comme on les voit au cours des opérations chirurgicales, et non pas seulement sur des cadavres préparés pour la dissection. Il faut apprendre leur structure à la fois sur les coupes microscopiques de tissus morts et modifiées par les fixatifs et les colorants, sur des tissus vivants qui fonctionnent, et sur les films cinématographiques où leurs mouvements sont enregistrés. Nous ne devons créer de séparation artificielle ni entre les cellules et leur milieu, ni entre la forme et la fonction.

Dans l'intérieur de l'organisme, les cellules se comportent comme de petites bêtes aquatiques plongées dans un milieu obscur et tiède. Ce milieu est analogue à l'eau de mer. Cependant, il est moins salé qu’elle, et sa composition est beaucoup plus riche et variée. Les globules blancs du sang, et les cellules qui tapissent les vaisseaux sanguins et lymphatique, ressemblent à des poissons qui nagent librement dans la masse des eaux, ou qui s’aplatissent sur le sable des fonds. Mais les cellules qui forment les tissus ne flottent pas dans du liquide. Elles sont comparables, non à des poissons, mais à des amphibies vivant dans des marécages ou dans du sable humide. Toutes dépendent absolument des conditions du milieu dans lequel elles sont plongées. Sans cesse, elles modifient ce milieu et sont modifiées par