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L'HOMME, CET INCONNU

rouges, et de 50 milliards de globules blancs. Mais ces cellules ne sont pas, comme celles des autres tissus, immobilisées par une charpente. Elles sont suspendues dans un liquide visqueux, le plasma. Le sang est un tissu mouvant, qui s’insinue dans toutes les parties du corps. Il porte à chaque cellule la nourriture dont elle a besoin. En même temps, il sert d’égout collecteur aux produits de déchet de la vie tissulaire. Mais il contient aussi des substances chimiques et des cellules capables d’opérer des reconstructions organiques dans les régions du corps où elles sont nécessaires. Dans cet acte étrange, il se comporte comme un torrent qui, à l’aide de la boue et des troncs d'arbres qu'il charrie, se mettrait à réparer les maisons placées sur sa rive.

Le plasma sanguin n’est pas, en réalité, ce que les chimistes nous enseignent. Certes, il répond vraiment aux abstractions auxquelles ces derniers l'ont réduit. Mais il est incomparablement plus riche qu’elles. Il est, sans nul doute, la solution de bases, d'acides, de sels, et de protéines dont van Slyke et Henderson ont découvert les lois de l'équilibre physico-chimique. C’est grâce à cette composition particulière qu'il peut maintenir constante, et tout près de la neutralité, son alcalinité ionique, malgré les acides qui sont sans cesse libérés par les tissus. Il offre ainsi à toutes les cellules de l'organisme un milieu qui n’est, ni trop acide, ni trop alcalin, et qui ne varie pas. Mais il est fait aussi de protéines, de polypeptides, d'acides aminés, de sucres, de graisses, de ferments, de métaux en quantité infinitésimale, des produits de sécrétion de toutes les glandes, de tous les tissus. Nous connaissons encore très mal la nature de la plupart de ces substances. Nous entrevoyons à peine l'immense complexité de leurs fonctions. Chaque