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L'HOMME, CET INCONNU

réparateur, à la fois milieu solide et milieu liquide, capable de se porter où sa présence est nécessaire. Il accumule rapidement, autour des microbes envahisseurs d’une région de l'organisme, de grands amas de leucocytes qui combattent l'infection. Il apporte aussi, au niveau des plaies de la peau ou des organes, des globules blancs qui sont un matériel virtuel de reconstruction. Ces leucocytes ont le pouvoir de se transformer en cellules fixes. Ils font naître autour d’eux des fibres conjonctives, et réparent, grâce à une cicatrice solide, le tissu blessé.

Les liquides, et les cellules qui sortent des vaisseaux capillaires sanguins, constituent le milieu local des tissus et des organes. Ce milieu est presque impossible à étudier. Quand on injecte dans l'organisme, comme l’a fait Roux, des substances dont la couleur change suivant l'acidité ionique des tissus, on voit les organes prendre des couleurs différentes. Il devient alors possible de percevoir la diversité des milieux locaux. En réalité, cette diversité est beaucoup plus profonde qu’elle ne paraît. Mais nous ne sommes pas capables de déceler tous ses caractères. Dans le vaste monde que constitue l'organisme humain, il y a des pays très variés. Bien que ces pays soient irrigués par les branches du même fleuve, la qualité de l’eau de leurs lacs et de leurs étangs dépend de la constitution du sol et de la nature de la végétation. Chaque organe, chaque tissu crée aux dépens du plasma sanguin son propre milieu. Et c'est de l'ajustement réciproque des cellules et de ce milieu que dépendent la santé ou la maladie, la force ou la faiblesse, le bonheur ou le malheur de chacun de nous.