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LE CORPS ET LES ACTIVITÉS PHYSIOLOGIQUES

métabolisme que le muscle biceps quand il se contracte pour soulever un poids d’une livre. Ni l'ambition de César, ni la méditation de Newton, ni l'inspiration de Beethoven, ni la contemplation ardente de Pasteur n’ont réussi à accélérer la nutrition de leurs tissus, comme l’auraient fait aisément quelques microbes ou une faible exagération de la sécrétion de leur glande thyroïde.

Il est très difficile de ralentir le rythme de la nutrition. L'organisme maintient l'activité normale des échanges chimiques dans les conditions les plus adverses. Un froid extérieur intense ne diminue pas notre métabolisme. Ce n’est qu’aux approches de la mort que le corps se refroidit. Au contraire, pendant l'hiver, l'ours, la marmotte et le raton abaissent leur température et entrent dans un état de vie ralentie. Chez les rotifères, la dessiccation arrête complètement la nutrition. Et cependant, si au bout de plusieurs semaines de vie latente on humidifie ces petits animaux, ils ressuscitent, et le rythme de leurs échanges chimiques redevient normal. Nous n'avons pas encore trouvé le secret de produire chez les animaux domestiques et chez l’homme une telle suspension de la nutrition. Il serait d’un évident avantage, dans les pays froids, de mettre en état de vie latente les vaches et les moutons pendant les longs hivers. Peut-être pourrait-on prolonger la durée de la vie humaine, guérir certaines maladies, utiliser de meilleure façon les individus exceptionnellement doués, si on pouvait les faire hiberner de temps en temps. Mais, sauf par la méthode barbare et insuffisante, qui consiste à enlever la glande thyroïde, nous ne sommes pas capables d’abaisser le taux des échanges chimiques de l'organisme humain. La vie latente est, pour le moment, impossible.