Page:L'homme, cet inconnu.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
L’HOMME, CET INCONNU

leurs acides aminés constitutifs. Elles perdent ainsi leur individualité. Après la digestion intestinale, les acides aminés, et les groupes d’acides aminés, qui viennent des protéines du bœuf, du mouton, du grain de blé, n’ont plus aucune spécificité originelle. Ils traversent alors la muqueuse intestinale et construisent dans le corps des protéines nouvelles, qui sont spécifiques de l’être humain et même de l’individu. La paroi de l’intestin protège le milieu intérieur de façon à peu près complète contre l’invasion de molécules propres aux tissus d’autres êtres, plantes ou animaux. Cependant elle laisse pénétrer parfois les protéines animales ou végétales des aliments. C’est ainsi que la sensibilisation ou la résistance de l’organisme à de nombreuses substances étrangères peuvent se produire de façon silencieuse et inaperçue. La barrière qu’oppose l’intestin au monde extérieur n’est pas toujours infranchissable.

Bien que la muqueuse intestinale choisisse soigneusement parmi les matières alimentaires celles qui sont, utilisables, elle se laisse traverser par des substances de plus ou moins bonne qualité. Parfois aussi, elle ne peut pas digérer ou absorber les éléments dont nous avons besoin. Bien que ces éléments se trouvent dans notre nourriture, nos tissus en restent alors privés. Les substances chimiques du milieu extérieur s’insinuent donc dans chacun de nous de façon différente, au gré des capacités individuelles de la muqueuse intestinale. Ce sont elles qui construisent nos tissus et nos humeurs. Nous sommes littéralement faits du limon de la terre. C’est pourquoi notre corps et ses qualités physiologiques et mentales sont influencés par la constitution géologique du pays où nous vivons, par la nature des animaux et des plantes dont nous nous nourrissons habituellement. Notre