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L’HOMME, CET INCONNU

ments antérieurs ou des événements futurs, comment des excitations y sont changées en inhibitions, et vice versa. Nous savons encore moins comment des phénomènes imprévisibles y surgissent, comment la pensée y naît.

Le cerveau et la moelle forment avec les nerfs et les muscles un système indivisible. Les muscles ne sont, au point de vue fonctionnel, qu’un prolongement du cerveau. C’est grâce à eux et à leur armature osseuse que l’intelligence humaine a mis son empreinte sur le monde. La forme de notre squelette est une condition essentielle de notre puissance. Les membres sont des leviers articulés, composés de trois segments. Le membre supérieur est monté sur une plaque mobile, l’omoplate, tandis que la ceinture osseuse, à laquelle s’articule le membre inférieur, est tout à fait rigide et fixe. Le long du squelette sont couchés les muscles moteurs. À l’extrémité du bras, ces muscles s’épanouissent en tendons, qui meuvent les doigts et la main elle-même. La main est un chef-d’œuvre. À la fois, elle sent et elle agit. On dirait presque qu’elle voit. C’est la disposition anatomique de sa peau et de son appareil tactile, de ses muscles et de ses os, qui a permis à la main de fabriquer les armes et les outils. Nous n’aurions jamais acquis la maîtrise de la matière sans l’aide des doigts, ces cinq petits leviers, composés chacun de trois segments articulés, qui sont montés sur les métacarpiens et le massif osseux de la main. La main s’adapte au travail le plus brutal comme au plus délicat. Elle a manié avec une égale habileté le couteau de silex du chasseur primitif, la masse du forgeron, la hache du défricheur de la forêt, la charrue du laboureur, l’épée du chevalier, les commandes de l’aviateur, les pinceaux de l’artiste, la