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L'HOMME, CET INCONNU

Sans doute, il se compose de cellules, ainsi qu’une maison, de briques. Mais il vient de ces cellules comme si la maison naissait d’une brique. Une brique qui se mettrait à fabriquer d’autres briques, en utilisant Peau du ruisseau, les sels minéraux qu’elle contient, et les gaz de l'atmosphère. Puis ces briques s'assembleraient en murailles, sans attendre le plan de l'architecte et l’arrivée des maçons. Elles se transformeraient aussi en vitres pour les fenêtres, en ardoises pour le toit, en charbon pour le chauffage, en eau pour la cuisine. En somme, un organe se développe par les procédés attribués aux fées dans les contes qu’on racontait jadis aux enfants. Il est produit par des cellules qui semblent connaître l'édifice futur, et qui synthétisent, aux dépens du milieu intérieur, le plan de construction, les matériaux, et les ouvriers.

Les méthodes de l'organisme sont donc totalement différentes de celles dont nous nous servons dans la construction de nos machines et de nos maisons. Nous ne trouvons pas en elles la simplicité des nôtres. Les procédés employés par notre corps sont entièrement originaux. Nous ne rencontrons pas, dans ce monde intraorganique, les formes de notre intelligence. Celle-ci s’est moulée sur la simplicité du monde cosmique, et non pas sur la complexité des mécanismes internes des animaux. Pour le moment, il nous est impossible de comprendre le mode d’organisation de notre corps, et ses activités nutritives et nerveuses. Les lois de la mécanique, de la physique et de la chimie s'appliquent complètement à l’Univers matériel. Partiellement, à l'être humain. Il faut définitivement abandonner les illusions des mécanicistes du dix-neuvième siècle, les dogmes de Jacques Loeb, les puériles conceptions physico-