Page:L'homme, cet inconnu.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
LES ACTIVITÉS MENTALES

en mesure de protéger l'intelligence contre ses ennemis inconnus. Elle connaît les symptômes des maladies mentales et, les différents types de la faiblesse d’esprit. Mais elle ignore complètement la nature de ces désordres. Elle ne sait pas si ces maladies sont dues à des lésions structurales du cerveau, ou à des changements dans la composition du milieu intérieur, où à ces deux causes à la fois. Il est probable que les activités nerveuses et psychologiques dépendent simultanément de l’état du cerveau et des substances libérées dans l'appareil circulatoire par les glandes endocrines, et que le sang porte aux cellules de l’encéphale. Sans doute, les désordres fonctionnels de ces glandes peuvent, aussi bien que des lésions anatomiques du cerveau, produire des névroses et des psychoses. Une connaissance même complète de ces phénomènes ne nous ferait pas progresser beaucoup. La pathologie de l'esprit a sa clef dans la psychologie, de même que celle des organes est expliquée par la physiologie. Mais la physiologie est une science, tandis que la psychologie ne l’est pas. La psychologie attend son Claude Bernard ou son Pasteur. Elle est dans l’état de la chirurgie à l'époque où les chirurgiens étaient des barbiers, de la chimie avant Lavoisier, au moment des alchimistes. Il ne faut pas incriminer les psychologistes modernes et leurs méthodes pour l'insuffisance de leur science. C’est la complexité extrême du sujet qui est la cause principale de notre ignorance. Il n°y a pas de techniques permettant de pénétrer dans le monde inconnu des cellules nerveuses, de leurs fibres de projection et d'association, et des processus cérébraux et mentaux.

Il est impossible de découvrir des relations exactes entre les symptômes schizophréniques, par exemple, et des altérations structurales de l'écorce cérébrale.