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L'HOMME, CET INCONNU

Les espoirs de Kroepelin ne sont pas réalisés. L'étude anatomique des maladies mentales n’a pas donné beaucoup de lumière sur leur nature. Peut-être même n’existe-t-il pas de localisation spatiale des désordres de Pesprit. Certains symptômes peuvent être attribués à des désordres de la succession temporelle des phénomènes, à des modifications de la valeur du temps pour les éléments nerveux d’un système fonctionnel. Nous savons, d’autre part, que des destructions cellulaires produites en certaines régions, soit par les spirochètes de la syphilis, soit par l'agent inconnu de l’encéphalite léthargique, engendrent des modifications très définies de la personnalité. Cette connaissance est vague, incertaine, en voie de formation. Il est indispensable de ne pas attendre qu’elle soit complète, et que la nature des maladies mentales soit connue, pour développer une hygiène de l'esprit vraiment effective.

La connaissance des causes des maladies mentales serait plus importante que celle de leur nature. Elle seule pourrait conduire à la prévention de ces maladies. La faiblesse d’esprit et la folie paraissent être la rançon que nous devons payer pour la civilisation industrielle, et les changements dans le mode de vie amenés par elle. D'autre part, elles font souvent partie du patrimoine héréditaire reçu par chacun. Elles se manifestent surtout dans les groupes humains où le système nerveux est déjà mal équilibré. Dans les familles qui ont produit des névrosés, des individus étranges, trop sensibles, on voit apparaître des fous et des faibles d'esprit. Cependant les maladies mentales se montrent aussi dans des familles qui en étaient jusqu'alors indemnes. Il y a certainement dans la production de la folie d’autres facteurs que les facteurs héréditaires. Il faut done chercher comment