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XII
L’HOMME, CET INCONNU

n’ont pas réussi à améliorer la qualité intellectuelle et morale de la population. Beaucoup restent toute leur vie à l’âge psychologique de douze ans. Il y a des quantités de faibles d’esprit et d’idiots moraux. Dans les hôpitaux, le nombre des fous dépasse celui de tous les autres malades réunis. D’autre part, la criminalité augmente. Les statistiques de J. Edgard Hoover montrent que les États-Unis contiennent actuellement 4 760 000 criminels. Le ton de notre civilisation lui est donné à la fois par la faiblesse d’esprit et la criminalité. Nous ne devons pas oublier qu’un Président du Stock Exchange de New-York a été condamné pour vol, qu’un éminent juge fédéral a été reconnu coupable d’avoir vendu ses verdicts, qu’un Président d’Université est en prison. En même temps, les individus normaux sont accablés par le poids de ceux qui sont incapables de s’adapter à la vie. La majorité de la population vit du travail de la minorité. Car il y a peut-être aux États-Unis 30 ou 40 millions d’inadaptés et d’inadaptables. En dépit des sommes gigantesques dépensées par le gouvernement, la crise économique continue. Il est évident que l’intelligence humaine ne s’est pas accrue en même temps que la complexité des problèmes à résoudre. Aujourd’hui, autant que dans le passé, l’humanité se montre incapable de diriger son existence collective et son existence individuelle.

En somme, la société moderne, cette société engendrée par la science et la technologie, commet la même faute que toutes les civilisations de l’Antiquité. Elle crée des conditions de vie où la vie de l’individu et celle de la race deviennent impossibles. Elle justifie la boutade du doyen Inge : Civilization is a disease which is almost invariably fatal[1]. Bien que la signification réelle des événements qui se passent en Europe et aux États-Unis échappe encore au public, elle devient de plus en plus claire à la minorité qui a le temps et le goût de penser. Toute la civilisation occidentale est en danger. Et ce danger menace

  1. « La civilisation est une maladie qui est presque toujours mortelle. »