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III

LES CARACTÈRES DU TEMPS PHYSIOLOGIQUE. — SON IRRÉGULARITÉ. — SON IRRÉVERSIBILITÉ.

Nous savons que le temps physiologique est totalement différent du temps physique. Si toutes les horloges accéléraient ou retardaient leur marche, et si la rotation de la terre changeait aussi son rythme, notre durée resterait invariable. Mais elle nous semblerait augmenter ou diminuer. Nous saurions ainsi qu’un changement s’est produit dans le temps solaire. Tandis que nous sommes entraînés par le temps physique, nous nous mouvons aussi au rythme des processus intérieurs qui constituent le temps physiologique. Nous ne sommes pas seulement des grains de poussière flottants à la surface d’un fleuve. Nous sommes aussi des gouttes d’huile qui, emportées par le courant, se répandent à la surface de l’eau avec leur mouvement propre. Le temps physique nous est étranger tandis que le temps intérieur est nous-même. Notre présent ne tombe pas dans le néant comme le présent d'un pendule. Il s'inscrit à la fois dans la conscience, dans les tissus, et dans le sang. Nous gardons avec nous l'empreinte organique, humorale, et psychologique de tous les événements de notre vie. Nous sommes le résultat d’une histoire, comme la terre de l'Europe qui porte sur elle les champs cultivés, les maisons modernes, les châteaux féodaux, les cathédrales gothiques. Notre personnalité s’en-

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