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L'HOMME, CET INCONNU

richit de chaque expérience nouvelle de nos organes, de nos humeurs, et de notre conscience. Chaque pensée, chaque action, chaque maladie a pour nous des conséquences définitives, puisque nous ne nous séparons jamais du passé. Nous pouvons guérir complètement d’une maladie, ou d’une mauvaise action. Mais nous en gardons toujours la trace.

Le temps solaire coule à un rythme uniforme. Il est fait d’intervalles égaux. Sa marche ne se modifie jamais. Le temps physiologique, au contraire, change réellement d’un individu à l’autre. Il est plus lent chez les races où la longévité est grande, plus rapide chez celles où la vie est courte. Il varie aussi chez un même individu suivant les différentes époques de sa vie. Une année contient beaucoup plus d'événements physiologiques et mentaux pendant l'enfance que pendant la vieillesse. Le rythme de ces événements décroît rapidement d’abord, lentement ensuite. Le nombre d’unités de temps physiologiques contenues dans une année solaire devient de plus en plus petit. En somme, le corps est un ensemble de processus organiques qui se meuvent à un rythme très rapide pendant l'enfance, beaucoup moins rapide pendant la jeunesse, et de plus en plus lent pendant l’âge mûr et la vieillesse. C'est au moment où le taux de notre durée devient plus petit que la pensée acquiert la plus haute forme de son activité.

Le temps physiologique est loin d’avoir la précision d'une horloge. Les processus organiques subissent certaines fluctuations. Le rythme de notre durée n'est pas constant. La courbe qui exprime son ralentissement progressif au cours de la vie est irrégulière. Ces irrégularités sont dues aux accidents qui se produisent dans l’enchaînement des processus physiologiques réglant notre temps. À certains moments de