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LE TEMPS INTÉRIEUR

nisation. Notre longévité est déterminée, sans doute, par les mécanismes qui nous rendent indépendants du milieu cosmique et nous donnent notre mobilité spatiale. Par la petitesse du volume du sang com- paré à celui des organes. Par l’activité des appareils qui épurent le milieu intérieur, c’est-à-dire, du cœur, du poumon et des reins. Cependant, ces appareils n'arrivent pas à empêcher des modifications progres- sives des humeurs et des tissus. Peut-être les tissus ne sont-ils pas suffisamment débarrassés par la cir- culation sanguine de leurs déchets. Peut-être leur nutrition est-elle insuffisante. Si le volume du milieu intérieur était plus considérable, l'élimination des produits de la nutrition plus complète, il est permis de croire que la vie humaine serait plus longue. Mais notre corps serait beaucoup plus grand, plus mou, moins compact. Il ressemblerait peut-être aux gigan- tesques animaux préhistoriques. Il n’aurait certai- nement pas l’agilité, la rapidité et l'adresse que nous possédons aujourd’hui.

Le temps psychologique n’est aussi qu’un aspect

de nous-mêmes. Sa nature nous est inconnue, comme

celle de la mémoire. C’est la mémoire qui nous donne le sentiment du passage du temps. Cependant, la durée psychologique est faite d’autres éléments. Certes, notre personnalité est construite avec nos souvenirs. Mais elle vient aussi de l'empreinte sur tous nos organes des événements physiques, chi- miques, physiologiques et psychologiques de notre vie. Si nous nous recueillons en nous-mêmes, nous sentons vaguement le passage de notre durée. Nous sommes capables d'évaluer cette durée, de façon grossièrement approximative, en termes de temps physique. Nous avons le sentiment du temps, de la même façon peut-être que les éléments musculaires m