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L'HOMME, CET INCONNU

la marche sans cesse ralentie de notre temps intérieur, c’est-à-dire, de nos processus physiologiques. Chacun de nous est l’homme qui court le long de la rive, et s’étonne de voir s’accélérer le passage des eaux.

C’est le temps de la première enfance qui naturellement est le plus riche. Il doit être utilisé de toutes les façons imaginables pour l'éducation. La perte de ces moments est irréparable. Au lieu de laisser en friche les premières années de la vie, il faut les cultiver avec le soin le plus minutieux. Et cette culture demande une profonde connaissance de la physiologie et de la psychologie, que les éducateurs modernes n’ont pas encore eu la possibilité d'acquérir. Les années de la maturité et de la vieillesse n'ont qu’une faible valeur physiologique. Elles sont presque vides de changements organiques et mentaux. Aussi, elles doivent être remplies d’une activité artificielle. Il ne faut pas que l’homme vieillissant cesse de travailler, se retire. L'inaction diminue davantage le contenu de son temps. Le loisir est plus dangereux encore pour les vieux que pour les jeunes. À ceux dont les forces déclinent, nous devons donner un travail approprié. Mais non le repos, Il ne faut pas non plus stimuler à ce moment les processus fonctionnels. Il vaut mieux suppléer à leur lenteur par une augmentation de l’activité psychologique. Si les jours sont remplis d'événements mentaux et spirituels, la rapidité de leur glissement diminue. Ils peuvent même reprendre la plénitude de ceux de la jeunesse.