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L'HOMME, CET INCONNU

est l'inspiratrice de toutes les grandes aventures. Elle a mené Pasteur à la rénovation de la médecine, Mussolini à la construction d’une grande nation, Einstein à la création d’un univers. Elle entraîne les bandits modernes au vol, à l'assassinat, à l'exploitation financière et économique de la société. Elle édifie les hôpitaux, les laboratoires, les universités, les églises. Elle pousse l’homme à la fortune et à la mort, à l’héroïsme et au crime. Et jamais au bonheur.

Le second mode d'adaptation est la fuite. Les uns abandonnent la lutte, et descendent au niveau où elle n’est plus nécessaire. Ils deviennent des ouvriers d'usine, des prolétaires. Les autres se réfugient en eux-mêmes. Ils peuvent, en même temps, s’accommoder partiellement au milieu, et même le conquérir, grâce à la supériorité de leur intelligence. Mais ils ne luttent pas. Ils ne font partie qu’en apparent monde auquel leur vie intérieure les soustrait. D'autres encore oublient le milieu grâce à un travail incessant. Ceux qui sont obligés d'agir sans cesse s'adaptent à tous les événements. Une femme dont l'enfant meurt, et qui doit en soigner plusieurs autres, n’a pas le temps de songer à sa douleur. Le travail est un moyen plus efficace que l'alcool et la morphine de supporter les conditions adverses du milieu. Certains individus passent leur vie dans le rêve, dans l'espoir de la fortune, de la santé, du bonheur. Les illusions et l'espérance sont un moyen puissant d'adaptation. L’espérance engendre l’action. C'est avec raison que le christianisme la considère comme une grande vertu. Elle est un des facteurs les plus puissants de l'ajustement de l'individu à un milieu défavorable. Enfin, on s’adapte aussi par l'habitude. Les douleurs s’oublient plus vite que les joies. Mais l'inaction augmente toutes les souffrances de la vie.